La Lune est la divinité des rythmes biologiques, de la périodicité, de la mesure (et notamment de la mesure du temps), elle est liée à l’eau, à la fertilité, et en ce sens elle représente une divinité maternelle.
Mais en tant que divinité de la puissance sexuelle, de la pulsion, du désir masculin, de la fécondité, elle correspond plutôt à une divinité mâle.
En tant qu’astre réfléchissant la lumière du soleil elle est liée à tout ce qui est du registre de la réflexion et donc des fonctions intellectuelles mais cela est profondément réducteur car « Nanard », en référence au dieu lunaire Nanna, en langues sémitiques signifie « illumination ».
La Lune était, il y a bien longtemps, un dieu masculin « père des autres dieux » à qui l’on donnait l’épithète de « Seigneur de la connaissance et de la sagesse ».
Elle était la lumière dans les ténèbres et symbolisait la loi qui, des ténèbres, faisait sortir la lumière.
En Inde, elle représente le Somâ, l’Élixir (mot dérivé de l’arabe), la boisson d’immortalité.
En tant que symbolisant la lumière dans les ténèbres, l’illumination et la sagesse, elle était la divinité mâle, père du Soleil.
Ainsi le Soleil était, il y a fort longtemps, le « fils » de la Lune !
La lumière dans les ténèbres représente également une métaphore de l’âme.
Et l’activation de l’âme était pour les Antiques, notamment dans la pensée aristotélicienne, une façon de se représenter la « réalisation » et notamment la réalisation de la dimension apollinienne de l’existence.
L’activation de l’âme pouvait être aussi, toujours pour les Antiques, en correspondance avec l’idée de la philosophie. Le philosophe étant celui qui tend vers la sagesse et lorsqu’il a réalisé celle-ci, si tant est qu’il y arrive, il cesse d’être un philosophe.
La Lune représentait dans l’antiquité une zone de transit incontournable pour les âmes.
Zone de transit pour les âmes en attente d’incarnation, où porte de l’Enfer.
Zone de transit pour les âmes en voie de « libération », ou porte du Ciel !
Lucifer, l’ange déchu, est bien celui qui revient vers la Terre, sous-entendu celui qui revient vers l’incarnation, et il a été dit de lui qu’il était la lumière dans les ténèbres.
Ainsi on retrouve fréquemment une dualité de la représentation lunaire ; divinité maternelle par excellence ou au contraire divinité masculine, porte de l’Enfer par l’incarnation ou porte du Ciel par la « libération », signifiant des fonctions intellectuelles par le phénomène de réflexion ou signifiant de la sagesse de par une fonction plus unitive de la pensée.
Mais on peut discerner une autre opposition tout aussi fondamentale entre :
– Un aspect lunaire d’enveloppement et d’enfermement dans lequel l’homme resterait en quelque sorte captif.
– Un aspect lunaire de « libération » et qui se situerait au-delà de l’enveloppement lunaire.
Rappelons que la Lune tourne autour de la Terre en 28 jours ce qui correspond au cycle menstruel de la femme.
Bref, pour résumer ces divers aspects on peut dire que l’on retrouve constamment deux aspects lunaire :
– Une modalité d’enveloppement où exister (ex-ister) c’est sortir du ventre maternel, c’est naître au monde imaginaire (n’être) !
Mais pourquoi n’être ?
Parce que naître dans le monde sublunaire, dans le monde enveloppé par la Lune, est rédhibitoire à l’être.
La Lune représente, là, la divinité maternelle dans l’orbe de laquelle l’homme demeure captif (captation imaginaire).
On ne peut être véritablement que lorsque l’on a dépassé le monde sublunaire.
– Et un autre modalité dans laquelle la Lune représente la porte du Ciel, comme on l’a vu précédemment, aspect qui correspond aux dénominations mythiques d’Élixir de vie, de Somâ, de boisson des dieux ou boisson d’immortalité et surtout, plus proche de nous, dans le monde antique, à la dimension apollinienne de l’existence.
Ainsi l’enveloppement lunaire, métaphore de l’orbe maternelle, a eut la signification pour les Antiques d’une limite céleste au-delà de laquelle se situait un développement plein et entier de Psyché correspondant à la dimension apollinienne de l’existence.
On peut énoncer que deux solutions se présentent à l’homme quant à son devenir psychique :
Soit il réussit, par la Loi, par la fonction symbolique, à s’échapper du monde sublunaire ou enveloppement lunaire (deuxième matrice), ou encore à assurer la castration imaginaire ou grande séparation de niveau 2, le niveau 1 étant représenté par la naissance ou existence ou sortie du ventre maternel.
On rappelle que la castration imaginaire de niveau 1 est fondamentalement symbolisée par la coupure du cordon ombilical.
Soit il échoue dans cette entreprise et il se verra dans l’incapacité d’assurer la dimension apollinienne de l’existence et de réaliser la pensée vraie (Penser).
La voie de Persée lui sera à jamais étrangère.
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