Exister, de l’étymologie latine ex sistere veut dire littéralement « sortir de » ou « être placé à l’extérieur ».
Être placé à l’extérieur de la matrice pour naître.
Ce mot, avec sa signification, doit être mis en parallèle avec un autre mot tout aussi signifiant et ce mot est le mot désirer.
Désirer vient du latin desirare et signifie « être séparé de » et « être séparé d’un astre fascinant », sideris en latin signifiant astre.
Donc naître revient à exister ou à « être placé à l’extérieur de » et à désirer signifiant « être séparé de ».
Ces deux termes, et la naissance qu’ils impliquent, renvoient à une nostalgie colossale, nostalgie qui va figurer dans toutes les cultures humaines le paradis perdu, l’Éden.
Alors pour se réparer de cette rupture, de cette fente, de cette perte irrémédiable de la Totalité, que vient symboliser la coupure du cordon ombilicale, l’être humain n’aura de cesse de développer un imaginaire réparateur, il n’aura de cesse donc de se raconter des histoires.
Mais cet imaginaire réparateur, cet imaginaire constitutif des histoires qu’on se raconte, doit être compris comme un imaginaire sans structure, comme un imaginaire proche des états oniroïdes.
D’où l’alternative :
Ou ne pas assumer la fente, la séparation, l’écart et vivre une sorte de rêverie imaginative compensatrice du paradis perdu.
Ou l’assumer et accéder à la fonction symbolique ou fonction imaginative structurée.
La fonction imaginative structurée représente la fonction idoine permettant le pensé vrai.
C’est le choix de l’Imaginaire ou du Symbolique de la pensée lacanienne.
Les Antiques, je pense notamment à Aristote, ont réfléchit sur cette problématique et ont prôné la nécessité d’une deuxième naissance, d’une re-naissance.
Pour eux la première naissance, la sortie du ventre maternel, amenait à naître, négation du verbe être.
Pour être il fallait sortir d’une deuxième matrice, il fallait sortir de l’enveloppement lunaire, représentant la somme des idées et représentations non structurées de type imaginaire, pour accéder à la dimension solaire, symbolique et apollinienne de l’existence.
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