Lacan va reprendre les élaborations freudiennes et notamment les descriptions des processus à l’œuvre dans le travail du rêve et plus particulièrement les phénomènes de condensation et de déplacement. Ces deux éléments permettant de rendre obscur au niveau du contenu manifeste, c’est-à-dire le contenu exprimé, ce qui était signifiant dans les pensées latentes.
Parallèlement à l’œuvre de Freud, Lacan va prendre en compte, entre autres, deux courants de pensée.
– Le courant linguistique structural au sens de Ferdinand de Saussure.
– Le courant structuraliste marqué particulièrement par les travaux de Claude Lévi-Strauss.
En ce qui concerne le mouvement structuraliste on peut énoncer qu’il a permis la conception d’un « ordre symbolique structurant la réalité interhumaine »6.
« Toute culture pouvant être considérée comme un ensemble de systèmes symboliques au premier rang desquels se placent le langage, les règles matrimoniales, les rapports économiques, l’art, la science, la religion »6.
La démarche de Lacan s’attachera à rapprocher la structure de l’Inconscient de celle du langage ce qui lui permettra d’affirmer que « l’Inconscient est structuré comme un langage »2.
Pour ce faire il va utiliser la notion de symbolique et montrer que le sujet humain « s’inscrit dans un ordre préétabli de nature symbolique, au sens de Lévi-Strauss »6.
Lacan va mettre particulièrement en avant la notion de nom du père, notion faisant référence au père en tant qu’il peut être nommé et reconnu dans sa fonction symbolique qui, « depuis l’orée des temps historiques, identifie sa personne à la figure de la loi ». Et c’est cela même qui en fait le support et pour ainsi dire la clé de voute de tout l’édifice symbolique1.
C’est pourquoi il est dit que la situation œdipienne est la condition nécessaire au plein accès à cette dimension symbolique, faute de quoi, la communication avec autrui risque d’être particulièrement altérée.
Cette carence à laquelle Jacques Lacan donne le nom de forclusion, est susceptible de « créer dans le champ des signifiants un trou irréparable »1.
Car la présence, l’intervention, l’interposition du père ou plus exactement du nom du père vient « castrer » le couple duel ou fusionnel de la mère et de l’enfant.
C’est bien de cela qu’il s’agit quand on évoque le concept de castration imaginaire.
Et on y voit le signe, la marque, l’emblème, le symbole de la Loi qui vient « séparer » le couple mère enfant en même temps que d’assurer l’émergence du troisième terme différentiateur4.
Le symbolique surgissant de la place du réel immédiat est contemporain du « meurtre ou de l’annulation de la chose existante »4.
L’accès au symbolique est solidaire d’un refoulement originaire constitutif de l’inconscient et donc du sujet. Et cet inconscient va prendre « corps » allant de « refoulement en refoulement, c’est-à-dire de substitution métaphorique en substitution métaphorique »4.
Ainsi la barre du sigle saussurien qui sépare le signifiant du signifié, rend compte de la « résistance » que le « psychanalyste rencontre dans le passage du signifiant au signifié, la difficulté qu’il éprouve à découvrir le signifié de ce signifiant »8.
Et « cette barre est « corrélative du refoulement freudien » qu’elle symbolise. Et ce signifié qui se dérobe, c’est le contenu de l’inconscient lui-même. »8.
On peut faire ainsi apparaître une différence de nature entre le refoulement et la forclusion, différence marquant les aspects linguistiques de la démarcation entre névrose et psychose.
Le refoulement, d’essence névrotique, représente la mise entre parenthèses, l’occultation d’une expérience. Ces signifiants apparemment disparus peuvent être retrouvés dans le cours du travail analytique et réintégrés dans le champ du sujet.
La forclusion, au contraire, ne conserve rien de ce qu’elle rejette, elle le barre et le met hors de portée des chaînes associatives.
Ainsi la forclusion, à l’origine du phénomène psychotique, consiste en un rejet primordial de signifiants fondamentaux, hors de l’univers symbolique du sujet.
Les signifiants forclos, donc non intégrés à l’inconscient, font retour non pas de l’intérieur du sujet mais du réel ou de l’environnement et notamment par le biais du phénomène hallucinatoire.
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Pour les éléments de bibliographie voir l’article Le langage.
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