De la dialectique manas/buddhi.
Ou dialectique Samsara/Nirvana ou encore Imaginaire/Symbolique.
Manas en sanskrit correspond à ce qui spécifie l’homme en tant qu’être vivant doté de facultés de conscience et de connaissance.
Le terme désigne donc d’une manière générale l’activité cérébrale ou intellectuelle, caractéristique de l’homme, permettant le raisonnement.
La racine du mot manas, man, se retrouve bien sûr en anglais (langue indo-européenne), avec man et men pour homme mais aussi en gothique avec mann qui désigne la même chose.
On retrouve en anglais également le mot mind qui désigne les fonctions intellectuelles ou mentales et le mot main qui a pour signification l’essentiel ou le principal.
En latin on a le mot mens qui désigne là encore l’activité mentale et en hébreu le mot manda qui recouvre peu ou prou la même signification.
Dans l’Edda la rune man a le sens de connaissance.
D’autres mots se rapprochent de cette signification comme mantique (pour divination) ou mânes (pour mânes des ancêtres) ou manne (manne céleste en tant que nourriture offerte à l’homme par les dieux ou par le ciel).
Donc le mot manas évoque l’outil qui permet à l’homme de penser le monde, de s’adapter à lui et d’interagir avec lui.
A côté de cette intelligence fondamentale, conventionnelle, on pourrait dire lunaire, va se déployer une autre intelligence dénommée la buddhi.
Cette dernière est qualifiée de supérieure à la précédente parce que plus unitive, plus intuitive et dite émanant du cœur, du centre, par opposition à l’activité plus cérébrale de manas.
Dans le Vedanta cette buddhi est dite de type sattvique, c’est-à-dire relevant de sattva.
On rappelle que dans l’hindouisme le monde manifesté se déploie à partir de trois types d’énergie ou cordes ; rajas, tamas et sattva.
Donc cette buddhi est associée à la connaissance toujours mais à une connaissance moins prosaïque, moins conventionnelle.
Manas est de l’ordre d’une connaissance du monde tel qu’il nous apparaît de façon sensible, on pourrait dire connaissance du réel, tandis que buddhi est la connaissance qui pourrait plus coïncider avec ce que nous nommons Réalité.
Dans la philosophie antique la buddhi serait en rapport avec les fonctions intellectuelles dites supérieures ou de l’ordre du principe directeur ou encore du registre de l’âme activée.
On peut également penser à la dichotomie platonicienne entre le monde sensible et le monde des Idées.
Pour les adeptes du Vedantas, tel que l’on peut s’en rendre compte en lisant les Upanishads, l’intérêt majeure de la buddhi est qu’elle permet d’atteindre à une connaissance particulière, à la connaissance permettant la libération.
La buddhi en reprenant les métaphores astronomiques voire astrologiques serait d’essence solaire, ce qui signifie sur un plan mythique que la buddhi solaire serait de l’ordre du Soi.
Ainsi manas serait liée au Moi et à la Lune (Moi, Moi-s, Lune) et buddhi serait liée au Soi et au Soleil (unité).
Il faut préciser que buddhi est à différencier de bodhi qui signifie l’Eveil, notamment dans le bouddhisme.
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Écrits en rapport :
– De l’opposition Soleil/Lune.
– Résolution de l’œdipe et surhomme nietzschéen.
– A propos du fantasme fondamental de fusion (fff).