Les sages l’ont toujours dit, les textes l’attestent, le Secret serait d’être dans la Loi et de le montrer sans avoir besoin de le dire.
Car la Loi ne se dit pas, elle se « chemine ».
Là, est le Trésor.
Être Vivant et se taire.
Ce qui est dit est mort.
La Loi ne peut être que Vivante.
Énoncer la Loi, l’exprimer revient forcément à en faire un objet, une idole, offerte au pillage et au dynamitage.
Il est consubstantiel à la Loi de n’être point une idole.
Cette merveille étant tue, elle suscite l’intérêt, elle stimule l’esprit, elle génère une extraordinaire curiosité, elle amène l’autre à « tendre vers elle » de tous ses efforts, de toute sa volonté et de tout son être.
Mais jamais, jamais ô grand jamais, elle ne doit être idolâtrée.
Car le dit tue.
Donc ne pas dire.
Laisser venir, laisser penser au plus profond, jusqu’au dévoilement.
Là est l’Or.
L’or dit est l’or dur, de l’idole.
Mais, certes, on a besoin aussi de dire, on n’échappe pas à la dualité, et on touche là, une fois de plus, à la paradoxalité identique à celle que connaît le grand lecteur qui comprend soudain que le livre est obstacle.
Comme nous le dit Lao-Tseu : « Renoncer à l’étude délivre de l’inquiétude » ou l’auteur de l’Amrtanada Upanisad : « Ayant lu tous les Livres, les ayant tous étudiés, encore et encore, le Sage les laisse de côté lorsqu’il a discerné clairement ce qu’est le brahman suprême, comme on abandonne une torche lorsqu’arrive la lumière… »
—
Écrits en rapport :
– Le silence dans la perspective du dit, de l’inter-dit et de la fonction de penser.
– La voie du silence ou phénoménologie de l’existence (ex-istence).