Le paradoxe fondamental de la « demande » est que celle-ci, bien que liée au fait qu’on possède un corps issu de la Terre ou issu de la mère et impliquant de ce fait une force d’attachement si massive ou si vitale, veut finalement l’accession à la Loi.
Comment la « demande », fille de l’attachement, peut-elle se détourner de la Terre, de la mater (au sens de matérialité ou de matériel), pour regarder le Ciel et désirer la Loi ?
La demande est la même et pourtant, du paradis terrestre perdu de la fusion mère-enfant, elle exige dorénavant le paradis céleste de la distance et donc de la Loi.
La demande est la même, aussi forte, mais c’est la structure même du demandeur qui a changée.
Le trésor recherché n’est plus le même.
Le sujet a substitué à la recherche du trésor perdu de la fusion et de la confusion dans la Totalité, le Trésor à prendre (et c’est peut-être la seule chose à prendre sans perdre son âme) de la loi symbolique et donc de la sagesse.
Le sujet a substitué le besoin au Désir en passant du registre de l’imaginaire à celui du Symbolique.
Bien sûr cette transmutation implique un manque peu important sinon il ne s’agira pas d’un « noyau » psychotique sous-tendant la « demande » mais du processus psychotique lui-même refusant la Réalité du fait de l’ampleur du manque.
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