Le terme de phénoménologie est construit sur les mots grecs phainomenon, « ce qui apparait » ou « ce qui devient visible » et logos « discours ».
Pour le Robert la phénoménologie est de l’ordre de la « description des phénomènes », elle fait référence à « La Phénoménologie de l’esprit » de Hegel et à la méthode philosophique de Husserl « qui se propose, par la description des choses elles-mêmes, en dehors de toute construction conceptuelle, de découvrir les structures transcendantes de la conscience (idéalisme transcendantal) et les essences ».
Par extension il s’agit de la « philosophie qui s’inspire de cette méthode ».
Pour le Larousse on retrouve la notion « d’étude descriptive des phénomènes » ainsi que la référence à la méthode philosophique de Husserl « visant à fonder la philosophie comme science rigoureuse », « elle procède par un retour aux données immédiates de la conscience, permettant de saisir les structures transcendantes de celle-ci et les essences des êtres ».
Il s’ensuit de ce qui a été énoncé précédemment que la phénoménologie représente l’expérience immédiate de conscience du sujet, dans son « je suis-là », dans l’ensemble des phénomènes qui surgissent en son intériorité, dans la suite ininterrompue des occurrences psychiques qui se manifestent à lui.
Cette suite est le « chemin », la « voie » de transmutation de la matière brute des idées et représentations qui, de leur simplicité recherchée, de leur objectivité désirée, va se charger progressivement de logique tout en se délestant de dogmatisme et de rigidité.
Assurément la voie de « l’extrême simplicité » repose sur le travail d’arrache-pied sur les représentations afin d’obtenir la quintessence promise des idées objectives et naturelles.
Ainsi le chemin est d’or qui part de l’intuition et qui par un lent processus de décantation, de métaphorisation, devient capable de se « saisir », tout en se « dessaisissant », de l’idée et de ses significations.
A chaque dénouement une libération, à chaque libération un saut de structuration.
Et de dénouement en libération, de libération en structuration, à chaque palier, s’approcher un peu plus à la fois des « essences » mais à la fois aussi de l’esprit scientifique.
Il s’agit alors véritablement d’une démarche expérimentale visant à la fois l’être et la science.
La phénoménologie est consubstantielle au scepticisme antique (Pyrrhon d’Elis) qui prôna le doute et la suspension du jugement ou épochè.
L’Académie platonicienne s’avéra également sceptique à certaines périodes de son histoire avec notamment Arcésilas et Carnéade.
Socrate dans les dialogues de Platon apparaît éminemment sceptique surtout quand il affirme que son « savoir » émerge de son « ignorance ».
D’autres écoles de pensée antiques sont proches d’une conception sceptique de la vie comme le relativisme des sophistes « L’homme est la mesure de toute chose » (Protagoras) ou encore « qu’il n’y a rien » et que « s’il y a quelque chose, ce quelque chose est inconnaissable à l’homme » (Gorgias de Leontion).
L’école mégarique, de son côté, a combattu les notions de vérité et de savoir.
Les Cyniques, quant à eux, rejetaient tout à la fois les conventions sociales et les croyances communes.
Chez les Romains Cicéron représenta le philosophe certainement le plus proche du scepticisme par sa façon d’utiliser cette méthode pour explorer certains champs du savoir.
Plus tard l’œuvre sceptique majeure sera celle de René Descartes avec le Discours de la méthode qui met le doute au cœur du processus réflexif.
David Hume précisera que la raison a ses limites et qu’il ne peut y avoir de fondement rationnel aux croyances de base.
Kant intervient à ce point dans le débat pour scinder la connaissance entre celle des phénomènes, accessible à l’homme, et celle des noumènes ou réalité en soi qui nous est inaccessible.
On peut ranger George Berkeley dans la catégorie des penseurs sceptiques étant donné le doute majeur qu’il eut concernant la réalité extérieure.
Quant à Hegel son scepticisme radical joue un rôle fondamentale dans son œuvre La phénoménologie de l’esprit. Il représente pour lui la voie royale permettant d’approcher la connaissance. Le travail sur les représentations, le dépassement des certitudes et des doutes, la répétition des séquences de thèse – antithèse – synthèse permettent progressivement d’aller vers la vérité.
On se rapproche là de la dialectique platonicienne ou de la maïeutique socratique.
Husserl, au plus près de l’œuvre de Descartes et particulièrement des Méditations métaphysiques, va dans ses Méditations cartésiennes, présenter les éléments fondamentaux de sa phénoménologie.
Martin Heidegger explore quant à lui la question phénoménologique en la centrant sur la notion de l’être, du « être-là » ou Dasein.
Jean-Paul Sartre va axer son œuvre sur le comment on se défausse de ce qui nous incombe ? ou comment on renonce à assumer sa liberté ? ou comment on choisit de se conformer aux codes ou rôles sociaux ?
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