L’Un se constitue dans la fuite de la Totalité.
La Totalité naît par la fragmentation de l’Un, par sa « mise en morceaux ».
L’Un créé le monde, l’Un est en fuite absolue par rapport à sa création, il est en fuite absolue par rapport au monde qu’il a créé (monde devenu Ancien monde).
De par sa fuite absolue vis-à-vis de sa création, il Meurt, et cette Mort est à l’origine d’une nouvelle création du monde, de la régénération du vieux monde.
Ainsi par une éternelle capacité à mourir, Il est capable d’une éternelle régénération ou recréation du monde !
En l’Un tout est unifié, tous les aspects, toutes les qualités, toutes les dimensions, l’espace et le temps, le positif et le négatif, le long et le court, le chaud et le froid, le lumineux et l’obscur, le passé et le futur, le bien et le mal, le diable et le bon dieu, le matériel et l’immatériel, l’infime et l’infini, l’infiniment grand et l’infiniment petit, le Moi et le non-Moi, le Moi et l’Autre, le très près et le très loin, le dedans et le dehors, l’assassin et l’assassiné, l’actif et le passif, le Tout et le rien, etc., etc.
Cela correspond à la Table d’Émeraude du Trismégiste, ou à la conviction stoïcienne fondamentale, ou encore au leitmotiv des philosophies extrême-orientales.
En Tout, Un devient divergence, bifurcation, dissociation, fragmentation.
En Un, Tout devient unification, intégration.
Nous appellerons Un la « Réalité » et Tout le « réel », la Manifestation.
Mais le Tout naissant de l’Un, certes par fragmentation, il y a néanmoins une continuité ou un lien entre l’Un et l’Autre.
Et ce lien réside peut-être dans ce que l’on appelle les lois naturelles, la Raison, la logique, les mathématiques, etc.
Qui peut voir la Réalité derrière le réel ?
Chez l’homme on retrouve les deux aspects.
L’aspect Unité, Réalité se retrouve dans la Loi symbolique, dans l’intervalle entre deux représentations, dans l’inter-dit.
C’est cette Loi symbolique inter-disant l’attachement à la représentation qui permet d’échapper au Tout et donc à la fragmentation.
Cette Loi (loi symbolique) est ce qui tend à ramener le Moi à Rien, au Point, et ce faisant cette Loi est donc ce qui permet à l’Homme de Penser le monde, de Penser le Tout, de Penser la Manifestation.
Cette Loi symbolique est ce qui permet à l’Homme de Mourir au monde (lui-même faisant partie du monde) et de pouvoir ainsi le créer par l’acte de Penser, c’est pourquoi il est dit dans les écrits les plus anciens et les plus profonds de l’humanité que « l’homme est à son image ».
Mais en disant cela nous n’oublions certes pas que le concept de Dieu lui-même s’est forgé par projection anthropomorphique dans ces temps où l’homme s’est constitué en tant que sujet pensant vraiment (Pensant).
Cette Loi symbolique est donc ce qui permet à l’Homme, en tendant à Rien dans son absolue intimité, en faisant le Point, de Pouvoir « Voir » la circonférence de la Manifestation, du monde, en Pensant.
En ce faisant Point il peut Penser Tout.
Le refus de cette Loi symbolique fondamentale, ce refus de l’inter-dit, cette incapacité à faire tendre son Moi à Rien, au Point, de par l’épouvantable manque ontologique, cette farouche revendication de maintenir au contraire la Totalité au sein de son intimité la plus profonde, est justement ce qui va condamner l’homme, qui refuse la Loi, à la fragmentation et à la dissociation psychique.
Le Moi veut envers et contre tout reconstituer en lui la Totalité.
Tendant vers Tout il devient incompétent à Penser.
Tendant vers la circonférence, au niveau de son Moi, il faillit quant à sa capacité à penser le monde.
En ce faisant Tout, il ne Pense point.
Maintenant le Tout au sein de son intimité la plus absolue, il ne peut plus « créer » le monde par l’acte de Penser.
Par l’indigence intime l’Homme Pense le Tout, et l’indigence se fait Trésor.
Par la richesse intime l’homme ne pense point, et la profusion se fait Misère.
Ainsi la dialectique Un/Totalité revient à celle plus connu de « Éros et Thanatos » sans parler de l’alternance des liaisons/déliaisons, voire même de la Bisexualité psychique (succession des accrochages/ruptures à la re-présentation).
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Écrits en rapport :
– A propos de la bisexualité psychique.
– Acceptation du « trou…ble » par le silence et gain de structuration.