A propos des caractéristiques qui vont marquer un opposition nette entre le Soleil et la Lune.
Le soleil à la clarté sans tache va représenter un idéal pour l’homme.
Il est vrai que la lune avec sa succession de phases ; ascendante (premier quartier), pleine, descendante (dernier quartier), nouvelle, va particulièrement représenter l’existence humaine avec la naissance, le développement, la maturité, la décroissance ou involution et la mort.
Et le cycle lunaire lui-même a particulièrement signifié la naissance et la mort de l’homme.
Rappelons que la nouvelle lune, avec la disparition apparente du disque lunaire pendant trois jours, a représenté la mort de l’homme.
L’homme a pu s’identifier à cet astre et reconnaître en lui ces phases de la vie auxquelles il est lui-même soumis. Et même plus encore l’homme a pu imaginer, à travers les cycles lunaires, la possibilité des morts et des renaissances, cette répétition infinie qui fait dire à l’auteur ou aux auteurs de la Yogatattva Upanishad : « ainsi par la faute du samsara, les hommes sont comme les augets d’une roue hydraulique ».
En tout cas représentant magistralement l’existence humaine la lune, en outre, a l’outrecuidance d’en montrer les turpitudes.
Oui, ces taches lunaires correspondant aux « mers » supposées de la lune, ont représentés, aux regard de tous, les péchés de l’homme. Sin le mot anglais pour péché, par un hasard surprenant, est aussi le nom d’une divinité lunaire mésopotamienne (Sîn).
Donc on comprend mieux que le dieu Apollon (Phoïbos) représentant le soleil, mais le « soleil invaincu » des conceptions antiques rénovées, va par opposition à la lune « trop humaine ou désespérément humaine », représenter l’idéal de l’évolution de l’homme.
C’est en ce sens qu’Apollon sera le dieu de la lumière, de la clarté, de l’harmonie, de la musique et des arts. C’est le dieu du chiffre 7 (6 + 1).
Et dans la formulation somptueuse que nous a donné Nietzsche de l’opposition entre les mondes apollinien et dionysiaque on peut voir le hiatus entre le monde solaire parfait et idéal et le monde lunaire de l’homme ordinaire et prosaïque. On pourrait, en continuant sur le registre nietzschéen, opposer Adam (le premier homme) et le dernier homme.
Donc Apollon va représenter l’homme unifié, harmonieux, artiste, musicien, pensant vraiment (Pensant) en opposition à l’homme lunaire, fluctuant, ambivalent, double, partagé, fragmenté, en proie à la doxa dirait Parménide.
L’homme apollinien étant un étant de l’être et l’homme lunaire étant un étant sans être.
L’homme apollinien étant de l’ordre de la Buddhi et l’homme lunaire étant du registre de Manas.
L’homme apollinien étant installé dans le Symbolique et l’homme lunaire végétant dans l’Imaginaire.
L’homme apollinien pense à partir de lui-même, ses pensées jaillissent de son for intérieur, ses pensées sont endogènes.
L’homme lunaire réfléchit (il réfléchit la lumière du soleil), il réfléchit à partir de l’extérieur, plus exactement de l’extérieur introjecté en lui (Cf. Alain de Mijolla).
L’homme apollinien est Plein, il ne connaît pas le manque.
L’homme lunaire oscille entre la plénitude de la pleine lune et le manque de la nouvelle lune.
Finalement l’homme lunaire est peu différent de l’homme solaire des premiers temps, tous les deux naissent et meurent, c’est seulement avec l’avènement de conceptions astronomiques nouvelles que l’homme solaire va représenter pour la psyché la dimension apollinienne.
Et la dimension apollinienne, par la sortie du monde sublunaire qui lui est subséquente, par la référence au « soleil invaincu » (Cf. la symbolique du dieu solaire Mithra) va petit à petit incarner, symboliser, métaphoriser quelque que chose de l’ordre d’une immortalité symbolique (Immortalité).
Et c’est cette notion d’immortalité et de salut qui va venir s’imposer dans le monde grec (surtout hellénistique) après les visions homériques décevantes d’un Hadès rempli des ombres errantes des défunts.
Et ce sont ces mêmes conceptions qui vont investir les représentations religieuses, mystiques, des pythagoriciens, des orphiques, des néoplatoniciens, des cultes dionysiaques et pour finir de certaines religions qui deviendront monothéistes.
Il est important de préciser que les conceptions astronomiques qui vont faire vaciller le socle des vieilles représentations ne datent pas de Copernic mais qu’on les pressant bien avant lui dans les textes grecs présocratiques et notamment pythagoriciens.
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Écrits en rapport :
– De l’essence solaire du Soi.
– De quelques significations de la lune.
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