La mort reçue au combat représente souvent l’acceptation suprême de la Loi.
Elle est souvent comprise comme un moment essentiel, fondamental, permettant le salut.
Et ce moment intense de vie a, bien sûr, la particularité d’être très près de la mort.
Il s’agit d’un sacrifice vécu, dans le fantasme, comme ouvrant la porte du Paradis ou de l’éternité.
Ainsi les arabo-musulmans et le « Paradis » accordé à ceux qui tombent lors du Djihad, ou encore le Walhalla des peuples germains et scandinaves, et le goût du risque incompréhensible lors de toute guerre, les moments de ferveurs collectives et d’enthousiasmes inexplicables lors des grandes offensives.
Il suffit pour s’en convaincre de lire Barbusse dans « Le feu » ou Ernst Jünger dans « Orages d’acier ».
« Mourir au combat » a la signification de sacrifice suprême, de rachat, d’héroïsme, de mesure de sa propre capacité à « faire son devoir » et à accepter la fin de sa vie au service du collectif, de la Patrie, ou de certains idéaux.
Ce moment de passage de vie à trépas correspond ainsi à une sorte de sacralisation, d’idéalisation suprême à partir du corps offert, souffrant et mourant.
C’est le sens même du sacrifice.
Rien à voir avec le suicide considéré comme étant à l’opposé, une fuite, un abandon de poste (Socrate d’après Platon), une incapacité à affronter « ce qui vient » (comme diraient les stoïciens).
Et de plus le suicide est refus de la loi de vie et correspond à la notion de meurtre de Soi.
L’accomplissement d’une vie humaine est justement de réaliser le Soi, c’est-à-dire de réaliser la vie psychique (Vie).
Et là, il n’y a plus de péril, car la Vie, une fois réalisée, rien ne peut désormais plus l’atteindre, ni la griffe, ni la dent, ni le glaive !
Ainsi cette sublimation majeure, cette sacralisation, cette idéalisation, cette glorification du corps par le sacrifice, vaut pour toute blessure reçue au combat, toute amoindrissement ou handicap, bref pour tout ce qui a valeur de « castration » !