La pulsion respiratoire, pulsion d’autoconservation du « Moi », a pour but, certes, la satisfaction liée à l’absorption de l’air.
Certains en ont parlé comme du « seul îlot d’indépendance du nourrisson » par rapport à l’autre maternel après que soit intervenue la césure ombilicale et donc la perte du placenta ou complément anatomique.
Perte qui « annonce », symbolise et métaphorise ce qui sera dénommé castration imaginaire ou grande séparation.
Ainsi le moment de la naissance est contemporain de la coupure du cordon ombilical, du déploiement des alvéoles pulmonaires générateur de la brûlure responsable elle-même du premier cri.
La respiration dans l’alternance des inspirations et des expirations va, tout à la fois, symboliser la nostalgie du paradis perdu, et la jouissance de vivre séparé, autonome et libre.
Elle va représenter la scène même de la succession des « faire corps » et des « décollements ».
Elle va figurer magistralement la capacité d’assurer le « décollement » ou fonction symbolique.
Et cette succession des expirs/inspirs, des « faire corps » / « décollement », est la meilleure preuve de la fonction symbolique comme source de vie, et en l’occurrence ici, par-delà la vie physique, source de vie psychique (Vie).
La vie s’inscrit bien dans l’alternance inspir-expir.
La vie apparaît et se maintien bien dans l’alternance Eros-Thanatos.
La vie est bien liée à la prise de souffle ; inspir, animation, âme.
La mort est bien liée à la restitution du souffle ; expir, « rendre l’âme ».
La Vie s’inscrit bien dans la « respiration » continue, la dialectique incessante du Eros (rapproché) – Thanatos (séparé) et ce aussi bien sur le plan biologique que psychique.
On comprend mieux l’importance dans l’hindouisme du travail sur la respiration (yoga) et des réflexions philosophiques sur la respiration comme moyen de délivrance (Cf. Les Upanishad).
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– La fonction symbolique ou « comment dégrossir la pierre brute ».