L’Un créé le monde, Il créé la manifestation, la Maya.
L’Un créé la Totalité.
La Totalité correspond à la « mise en morceaux » de l’Un.
La Totalité est le reflet de l’Un.
L’Un n’intervient plus dans le monde, Il créé le monde, Il « informe » le monde, entre Lui et le monde il a déployé les lois naturelles et les chiffres, mais il s’est retiré du monde.
Et, ainsi, entre le Ciel et la Terre, un « flux » informatif !
Donc « Dieu », le Dieu des religions, n’intervient pas dans le monde parce que le monde n’en est que Son reflet, Sa « mise en morceaux ».
Et cette non-intervention est justement cela même qui permet Sens, Vrai, et Réalité.
Soit un ensemble de concepts qui garantit, sur un plan métaphysique, la Liberté humaine.
La manifestation, la Maya, est émanation de « Dieu » mais « Dieu » ne peut en aucun cas être son émanation.
« Dieu » se fragmente en donnant le monde mais en aucun cas Il est le monde.
C’est justement parce qu’Il est absolument et radicalement hors le monde qu’Il créé le monde.
C’est justement parce qu’Il est Un qu’Il créé le monde !
« Ainsi, un Non-désir éternel représente son
essence, et par un Désir éternel il manifeste
une limite.
Ces deux états coexistent inséparables, et
diffèrent seulement de nom. Pensés ensemble :
mystère ! le Mystère des mystères ! »1
C’est pourquoi à la fois en tant que Un Il sait tout « ce qui est écrit », pour reprendre les vieilles formulations, et en même temps sa créature, en l’occurrence l’homme, prise dans le monde, est Libre.
L’homme est Libre s’il fait le choix de la liberté, c’est-à-dire que l’homme accroché à un lambeau de temps et de lieu, donc arrimé à une parcelle d’espace-temps, peut faire le choix du sens en réalisant en lui l’unité.
Et l’unité se réalise en étant là, pleinement, « ici et maintenant ».
Car le monde se travaille uniquement dans l’« ici et maintenant », avant et après il n’y a pas de portes, tout est figé, tout est joué, pour reprendre le discours des stoïciens.
« Avant » n’est que souvenirs souvent amères, « après » que vaines spéculations, seul « maintenant » permet de réaliser, de faire, à condition d’être.
Et comprendre cela, c’est réaliser le Temple de Brahman, c’est l’« être à son image » de la Tradition occidentale.
Et « être à son image » c’est Penser !
C’est « aller là où il faut », c’est cheminer de R1 à R2 !
Mais sans jamais oublier, qu’au bout du compte, la bonne vieille métaphysique, qui fonde la transcendance, qui est explicative du monde ou du cosmos, n’est que la projection en cet « ailleurs » des phénomènes les plus intimes de la conscience humaine, de Psyché.
Même si la connaissance la plus juste de cette intimité peut être en coïncidence ou en résonnance avec une conception juste du réel.
N’oublions pas le « Connais-toi toi-même » des Antiques ».
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1. Lao-Tseu
« Tao Te King »
Dervy -Livres
I
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