La Psyché humaine s’est constituée en un aller-retour incessant, une oscillation permanente entre imago paternelle et imago maternelle.
Soit entre les bandes armées d’hommes chasseurs ou guerriers à l’extérieur et le monde des femmes à l’intérieur (entre le sang et le lait).
Ou encore entre les déités maternelles et les déités masculines.
Mais aussi entre les déités maternelles, femme ou fille des dieux, et les déités maternelles originelles (Grande Mère des dieux et des hommes).
Mais à propos de Cybèle, la Mère des dieux et des hommes par excellence, il est important de préciser que Zeus, faisant un rêve érotique, laissa échapper sa semence qui tomba à terre et engendra un être hermaphrodite nommé Agdistis.
Agdistis était si beau que les dieux, jaloux, décidèrent de l’émasculer.
Agdistis devint femme et son membre tranché devint un amandier.
Une nymphe passant par-là, Nana, éprouva l’envie de manger une amande, elle devint enceinte et mis au monde Attis.
Agdistis tomba amoureuse d’Attis mais celui-ci repoussant ses avances, elle le frappa de folie et le contraignit à s’émasculer.
Agdistis est assimilée à Cybèle.
Le foutre perdu de Zeus créé un être hermaphrodite (donc une mère phallique).
Cette mère phallique est castrée.
Les parties génitales donnent un amandier.
Une nymphe, Nana, devient enceinte de cet amandier (issu du sexe d’Agdistis).
L’enfant qui va naître est Attis.
Tout cela signifie qu’Attis est en fait le phallus d’Agdistis sa propre mère.
Ce qui confirme l’hypothèse psychanalytique qui fait de l’enfant et surtout du fils, le phallus maternel.
L’enjeu pour l’enfant s’il veut acquérir le phallus étant justement de ne plus être phallus de la mère.
Une version du mythe (celle d’Ovide) montre Attis aimé par Cybèle, sa mère, d’une passion chaste. Un jour elle décida de se l’attacher pour toujours et d’en faire le gardien de son temple. Elle y mit comme condition qu’il garderait à jamais sa virginité.
Mais Attis ne pouvant résister à l’attrait que lui inspirait la nymphe Sagaritis, Cybèle le frappa de folie.
Il faut noter également que dans cette région d’Asie Mineure se pratiquaient des rites sanguinaires au cours desquels l’immolation d’enfants était pratique courante.
Et on retrouve là le lien enfant – pénis mis en évidence par Freud.
Et l’on rappelle, à la lumière des écrits de Walter Burkert, que vraisemblablement dans la préhistoire coexistaient deux mondes :
– Le monde des hommes à l’extérieur, en bandes armées, pour la chasse et pour la guerre avec leur culture propre et certainement leur conception religieuse (religion des Pères). C’est le monde du sang.
– Le monde des femmes à l’intérieur des grottes avec les enfants et une conception du monde de type magique « soutenant » (religion des Mères) l’activité extérieure des hommes.
C’est le monde du lait.
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Écrits en rapport :
– La descendance de Prométhée ou Deucalion et la race de pierre.