De l’opposition refoulement/forclusion.
En mode névrotique les contenus psychiques destinés à être refoulés deviennent inconscients.
En mode psychotique il en va tout autrement, c’est l’appréhension de la structure de la réalité qui pose problème. Et ce défaut fondamental est à l’origine d’un refoulement primaire défectueux.
Lacan appelle forclusion du nom du père cet échec du refoulement primaire.
Pour bien comprendre la forclusion, il faut l’opposer point par point à la notion de refoulement.
Le refoulement est l’interdiction faite à certains contenus psychiques de se présenter à la conscience tel quel.
Mais ces contenus peuvent se manifester déguisés ou camouflés en certaines circonstances naturelles comme par exemple l’activité onirique ou l’amoindrissement de l’état vigile.
Mais si les forces interdictrices faiblissent de façon plus conséquente, ces mêmes contenus destinés à être refoulés, peuvent apparaitre alors dans des symptômes psychiques de type névrotique.
Cette possibilité de retour du refoulé tient à ce que le sujet organisé sur un mode névrotique a acquis l’usage du signe linguistique signifiant/signifié. Elle tient au fait que l’élément à refouler a été reconnu à un certain moment comme existant, que son signifiant a été symbolisé, situé dans un réseau de connaissances et inséré dans la trame du discours personnel.
Serge Leclaire a superbement exprimé cela : « Le refoulement peut se concevoir comme la mise entre parenthèses ou l’occultation rusée d’une expérience déjà virtuellement structurée. Il est facile de concevoir que ce qui a été voilé puisse à nouveau, à l’occasion de circonstances favorables être dévoilé et réintégré dans le courant dialectique de l’expérience ».
La forclusion au contraire ne conserve pas ce qu’elle rejette, elle le biffe, elle le barre, elle le retire purement et simplement de la chaîne des signifiants.
Mais ce matériel psychique exclu, rejeté, des chaînes symboliques, peut aller infiltrer le « réel » ou du moins le système psychique d’appréhension de la « réalité » comme dirait Berkeley.
Et dans ce cas, dans ce passage d’éléments psychiques « en perdition » sur le « système » de réalité, on parle de réification.
La réification concerne donc les éléments de la psyché, épars, « abandonnés », qui se retrouvent dans le « réel » du sujet aliéné.
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Écrits en rapport :
– Le langage selon Jacques Lacan (dans Le langage).
– De ce qui spécifierait les fonctions de conscience.
– Trou…ble et risque de réponse en faux-self ou réponse aliénée.