De la notion de horde primitive, avec les travaux de Darwin et de Freud, des luttes à mort pour la domination entre mâles (Abel et Caïn), de la nécessité d’une organisation sociale autour de la chasse, on passe subrepticement du meurtre du rival ou du père dominateur au « meurtre » de l’animal.
Le sentiment d’appartenir au monde des hommes va s’organiser, se structurer à partir de cette activité fondamentale, et ce, sur des dizaines voire des centaines de milliers d’années.
Parallèlement se développe, à partir du paléolithique inférieur et quasiment dans toutes les aires géographiques, le sacrifice lié aux rites funéraires eux-mêmes en lien avec les questions métaphysiques et plus précisément celles qui touchent à la mort et à la résurrection.
Le meurtre rituel de l’animal et sa consommation, le sacrifice et le relèvement des os de la victime, les rites funéraires et la naissance de l’agriculture impliquant l’idée que les grains mis en terre, donc « sacrifiés », renaissent au centuple pour permettre la récolte, tout cela constitue un ensemble de phénomènes cohérents et convergents vers une représentation collective ubiquitaire de la mort et de la renaissance.
Mais avec la généralisation de l’agriculture, activité féminine au départ, la chasse va perdre peu à peu de son importance et l’organisation masculine constituée autour d’elle va progressivement devenir caduque.
Elle survivra cependant sous la forme de « confréries » qui vont perpétuer ce sentiment d’appartenir au monde des hommes par le biais de scènes chantées et dansées.
Outre la naissance de l’agriculture les divinités maternelles deviennent encore plus prépondérantes, du fait que les femmes apparaissent détenir le pouvoir de conception.
Elles ont ce pouvoir et sont donc tenues proches des forces de la Nature, de la Terre – Mère.
Leur pouvoir est donc en lien direct avec une conception magique du monde.
Les sacrifices vont s’étendre et concerner plus particulièrement, à ces moments-là, les roi-sacrés, les adolescents, voire les enfants.
Les amants des divinités maternelles seront particulièrement impliqués par les rites de mort, de castration et de folie.
Mais peu à peu les sociétés redevenant patriarcales, notamment du fait de l’avènement de la métallurgie, les hommes vont asseoir leur pouvoir de nouveau sur la chasse et la guerre, mais aussi sur l’agriculture avec des socs en métal permettant un labour plus profond.
Le lien entre le coït et la conception commence à être pressenti de même que le géocentrisme de la terre est contesté.
Dans ce contexte général d’évolution du monde des représentations, en tout cas, on est passé des hordes de chasseurs aux hordes de guerriers, l’humanité s’est installée dans l’âge de bronze, dans l’âge de fer.
La guerre devient le passage obligé, pour chaque génération, de se constituer dans la masculinité.
La guerre c’est le pouvoir de tuer (être homme) mais aussi d’être tué (être la victime sacrifiée).
Même si, ici ou là, des hordes de femmes se sont constituées, refusant le pouvoir masculin, revendiquant ce même pouvoir masculin, ces hordes étant connues le plus souvent, dans l’Antiquité, sous le nom d’Amazones.
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