Un psychanalyste du nom de Karl Abraham a particulièrement analysé cette question du carrefour et de l’ambivalence.
La réflexion d’Abraham va concerner un célèbre carrefour, le carrefour même de la tragédie grecque mettant en scène un héros non moins célèbre qui va incarner, bien malgré lui, le refus de la Loi.
Il observe que la naissance du système patriarcal lié aux conceptions religieuses d’un Dieu masculin et paternel va dès lors impliquer une certaine attitude des fils par rapport à leurs pères.
Naturellement ou originellement la préférence du fils allait vers la mère et l’hostilité pour le père était de mise.
Mais dès lors la culture va exiger du fils le renoncement à sa mère et la fin de l’hostilité envers le père.
Et ce qui est exigé du fils envers le père le sera tout autant envers le Dieu des juifs.
Abraham remarque que le mot doute n’existe pas dans l’hébreux des écrits bibliques, c’est-à-dire qu’il n’existe pas pour la langue même qui aurait conçu le monothéisme.
Le mot doute n’existant pas aucune hésitation ne serait tolérée quant à l’adoration d’un dieu ou d’une déesse.
Abraham poursuit et observe que le mot doute est proche de la structure du mot deux.
Et les mots doute et deux en rejoignent un troisième qui est le mot fendu.
Le doute et l’ambivalence rendent l’homme fendu !
Il est vrai que dans cette région le doute et l’hésitation entre les cultes de Jahvé et ceux de Baal et d’Astarté furent constants.
Le Dieu masculin et paternel des juifs implique une position claire et non ambivalente du fils à l’égard du père.
Donc le carrefour, la croisée des chemins, est bien le lieu par excellence symbolisant la vulnérabilité et la fragilité humaine prompte à renier ses engagements.
C’est l’espace même, opposé à l’enceinte sacrée protectrice, susceptible de générer les manquements à la Loi.
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