Bien sûr ce qui est évident d’emblée c’est l’aspect de régression orale.
Il s’agit d’annuler les tensions et les souffrances liées aux frustrations de la réalité en régressant à un état transitoire de plaisir passif narcissique.
L’alcool est un équivalent de la tétée (sein), qui procure une satisfaction immédiate, une sensation de satiété, un apaisement des angoisses, une impression d’être rempli, plein, comblé, complet (bibine).
Mais l’alcool à d’autres significations moins régressives.
Tout d’abord l’alcool est l’eau de feu qui a représentée certainement une étape importante dans l’évolution de l’espèce humaine comme en témoigne le développement des cultes dionysiaques.
Son absorption était en rapport, entre autres, avec des rites de masculinité dans les sociétés primitives.
L’eau de feu étant très liée à la question de la transmission d’homme à homme (homosexualité pédagogique).
L’alcool possède, de par les sensations même liées à l’état d’ébriété, des effets énergétiques, excitatoires, stimulants, désinhibant etc.
Ces aspects dévolus à Bacchus et à Dionysos mettent bien en exergue l’aspect phallique de ces breuvages alcoolisés.
L’alcool évoque quelque chose de l’ordre de la jouissance.
Donc l’alcool est un vecteur utilisé dans la transmission de la connaissance de ce qu’est un homme.
L’alcool par ces vertus de désinhibition, d’excitation et d’euphorie est un facilitateur de la sexualité.
Mais l’alcool est aussi associé à l’homosexualité latente par le biais des camaraderies masculines, des complicités viriles et des atmosphères de café.
Mais aussi l’alcool, à la longue, peut représenter un véritable détournement ou contournement du comportement sexuel effectif, l’ébriété et ses sensations psychiques pouvant se substituer au plaisir de l’acte sexuel lui-même.
Donc à la longue l’alcoolisme, par ce biais de substitution, mais aussi par les effets toxiques liés à l’éthanol peut être responsable de l’installation d’une impuissance.
Affaiblissement de la puissance sexuelle ou impuissance qui sera explicatif du développement d’une jalousie pathologique.
Dans l’ambiance des estaminets on peut retrouver également un certain émoussement, une certaine indifférenciation de l’image du père qui en ferait un compagnon de beuveries dans une scène n’impliquant pas de femmes.
Cela ayant l’inconvénient de provoquer un éloignement de la structuration proprement œdipienne.
Donc l’alcoolisme met en évidence la carence de l’identification réussie au père.
En ce sens on peut parler de l’ingestion d’alcool comme étant celle d’un breuvage magique conférent de façon illusoire la force et la puissance et se réduisant in fine à un procès d’incorporation d’une image paternelle idéalisée et inaccessible.
—
Écrits en rapport :