A côté des dieux masculins, les divinités maternelles se scindent en déesses maternelles archaïques, dont le prototype est Cybèle (la grande Mère des dieux et des hommes), sans référence à une quelconque divinité paternelle fécondante et les divinités maternelles liées aux divinités paternelles par une sorte de hiérogamie.
Et sur la hiérogamie, en certains lieux et temps, des témoignages innombrables attestent d’une union sexuelle entre le hiérophante et la prêtresse.
L’image d’un Ciel-Époux qui « tombe en pluie » et d’une Terre « fécondée » étant devenue relativement ubiquitaire.
Des symboles d’organes génitaux ont été couramment exhibés et manipulés notamment dans certains cultes dionysiaques (cf. la fresque de la villa des Mystères).
Burkert Walter1 relate des mythes évoquant le viol de Déméter par Zeus ou par Poséidon dont il résulta des « cérémonies de supplication » avec des rameaux entortillés de laine, qui furent suivies par un « breuvage de fiel », « un cœur arraché » et des « manipulations indicibles ».
Il y est question d’un prêtre faisant des gestes de supplication tout en buvant un breuvage amer, d’un animal sacrificiel tué dont on arrachait le cœur et la suite en était l’acte indicible ; « Zeus arracha à un bélier ses testicules. Il les apporta à Déméter en les lançant dans les plis de sa robe, faisant ainsi faussement pénitence pour le viol comme s’il s’était châtré lui-même ». Les organes de la génération tombant ainsi dans le giron de la déesse on peut parler de mariage sacré.
A Éleusis, il y avait des « rencontres sacrées entre l’hiérophante et la prêtresse, seul à seule ; les flambeaux ne se sont-ils pas éteints et la grande foule innombrable ne croit-elle pas que son salut dépend de ce que ces deux personnes font dans le noir ? »
On voit le glissement dans le temps, en ces représentations mythiques, d’une antique réception des organes génitaux mâles par la divinité maternelle terrestre uniquement sur le mode sacrificiel, à une réception qui s’apparente clairement à une hiérogamie, à un coït entre la divinité maternelle et la divinité paternelle.
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1. Walter Burkert
Homo necans
Rites sacrificiels et mythes de la Grèce ancienne
Les belles lettres
(p. 339-340).
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Écrits en rapport :
– Du sacrifice à la génitalité ou de la dimension phallique de l’existence.
– Sacrifice du « fils » et orgies.
– Du fantasme collectif de sacrifice du « fils » et de régénération.
– Du meurtre de la mort et du sacrifice.
– Thyrse dionysiaque ou une affaire de pin.