Cronos mutile son père Ouranos et aurait été mutilé ensuite par Zeus, son fils.
Il sera assimilé à Chronos le Temps, Temps qui dévore la vie, donc Temps qui devient la mort, Temps dont l’emblème est la sinistre faux.
Cet événement a certainement une signification en lien avec la mutilation des rois-sacrés de la protohistoire.
Cronos est souvent figuré en compagnie d’un corbeau. Et l’on sait que le corbeau était l’oiseau oraculaire censé représenter l’âme d’un roi-sacré après que celui-ci eut été sacrifié.
Sous l’influence de la tradition orphique, Cronos va peu à peu symboliser l’âge d’or, période mythique éminemment bénéfique vécue sous le règne d’un roi bon.
Lorsque les hommes devinrent terriblement sanguinaires, avec les générations du bronze et du fer, il les abandonna pour se réfugier au ciel.
On peut comprendre cela en disant que les rites sacrificiels de la Grande Mère (Rhéa), soit en l’occurrence le sacrifice et l’émasculation du roi-sacré, détenant le pouvoir, était le gage d’une explosion de vie (fertilité – fécondation).
Car nous savons qu’Aphrodite, la déesse de l’amour et de la fertilité, naît des suites de la castration d’Ouranos.
Le sacrifice du Roi-sacré, oppresseur, tyran, détenteur d’un pouvoir absolu, était certainement ce qui permettait la fraternisation festive.
Cela ne peut manquer de faire penser, entre autres, au grand mythe maçonnique.
Donc c’est bien en partie cela que représenterait, que symboliserait, le mythe de l’âge-d’or.
Cronos a également eu pour signification une sorte d’immobilisme, de non adaptation au Temps.
On peut comprendre également la question du Temps de Cronos comme un temps d’inconscience comme le laisse entendre Plutarque ci-dessous. Et Zeus représenterait, a contrario, la pleine conscience.
En effet Plutarque a décrit Cronos enchaîné et endormi dans des îles mystérieuses ce qui symboliserait l’inexistence ou la suspension du Temps (vie intra-utérine).
Mais en rupture avec tout ce qui précède on peut aussi comprendre l’âge d’or comme la réussite de la castration imaginaire ou grande séparation, et donc de la Loi et de l’accès au symbolique.
Il s’agit là de la mise en acte de la capacité à aller là où il faut, c’est-à-dire de la capacité vraie à penser (Penser).
Et, allant là où il faut, cheminant de R1 à R2, maîtrisant l’instant, quelque chose de l’ordre de l’abolition du Temps serait réalisé !