L’amour de soi s’édifie sur la conviction d’être aimé par la mère.
L’amour de soi naît de l’amour de l’autre !
Et c’est ce mouvement qui correspond à ce que nous nommons; assise narcissique.
L’amour de soi est lié également au sentiment d’omnipotence qui a pu être éprouvé, vécu, dans la prime enfance.
Si cet amour primitif est inexistant ou insuffisant, s’aimer va devenir difficile.
Dès lors une quête épuisante de preuves d’amour va centrer la façon d’être.
Et ce qui fonde la personnalité est le fait de ne pas s’aimer, de se trouver nul, laid, sale, difforme, bête, etc.
C’est ce que l’on appelle la maladie du narcissisme.
On clarifie à ce niveau en faisant une distinction entre les sujets ayant une bonne assise narcissique et ceux qui ont une assise narcissique défaillante.
Et nous dirons que les sujets ayant une mauvaise assise narcissique souffrent de la maladie du narcissisme.
Donc un narcissique serait-il quelqu’un de constitué sur de grosses failles narcissiques ?
Un narcissique serait-il resté fixé au stade de constitution du narcissisme ?
Mais d’un autre côté une bonne assise narcissique éviterait-elle des fixations narcissiques ?
Comment expliquer alors l’existence de tant de gens satisfaits d’eux-mêmes au plus haut point et que le langage populaire qualifie également de narcissique ?
Celui qui « se mire le nombril » à longueur de journée serait-il lui aussi un narcissique ?
Quel serait le lien entre nos deux types de narcissiques ?
Le trop peu de narcissisme pour l’un, le trop de narcissisme pour l’autre ?
L’un n’aurait pas connu l’omnipotence infantile et l’autre n’en serait pas sorti ?
Pas d’entrée dans l’omnipotence pour l’un, pas de sortie pour l’autre ?
L’un serait amoindri par un doute permanent sur sa capacité à être aimé d’autrui et l’autre serait amoindri par une nécessité permanente de rester englué dans l’amour d’autrui ?
Donc l’un comme l’autre serait dans l’impossibilité de dépasser ce stade qui se joue à deux !
L’un comme l’autre serait dans l’impossibilité de dépasser le double, de dépasser le stade du miroir. L’un ne peut dépasser et renoncer à la difficulté (difficulté relationnelle à l’autre) et l’autre ne peut dépasser et renoncer à la facilité (facilité relationnelle à l’autre) !
L’un serait pris dans une fantasmatique de fusion à un autre persécuteur, l’autre serait tout autant pris dans une fantasmatique de fusion à un autre par trop gratifiant.
Mais ni l’un ni l’autre ne serait en capacité de dépasser la relation archaïque à cet autre qu’il soit « bon » ou « mauvais » !
Mais on peut certes nuancer et dire que pour le « narcissique gratifié » il y a eu expérimentation d’une phase très positive puis la survenue d’un « trauma », d’une sortie du Paradis terrestre (sortie de l’Éden), avec l’émergence d’une nostalgie de ce Nirvana perdu et d’une quête infinie à le retrouver. On pourrait dire également que l’un serait lié irrémédiablement aux mauvais objets et l’autre aux bons objets.
On le voit la question du narcissisme nous amène à considérer les choses du point de vue d’une fixation – régression à une scène impliquant un autre dont tout est attendu.
Et l’aspect pathologique concerne justement cette régression à une phase archaïque du développement.
Cette régression est certainement motivée par des manques affectifs précoces.
Manques affectifs précoces pour les individus souffrant d’une maladie du narcissisme et manques affectifs survenant après une phase d’échanges très positifs avec l’objet primaire pour les autres.
Dans le premier cas la régression repose sur l’espoir de « bonifier » la relation à l’autre et dans le second la régression trouve son fondement dans l’espoir de retrouver le stade paradisiaque précédent le traumatisme.
Mais dans les deux situations il y a cette impossibilité de dépasser la phase de fusion relative.
Dans les deux cas aussi nous sommes finalement dans le registre des mauvais objets que ceux-ci interviennent d’emblée (mauvaise mère) ou qu’ils surviennent après-coup du fait d’évènements particuliers défavorables ou du fait de la présence de tiers défaillants figurant particulièrement les mauvais objets (père ou compagnon de la mère).
En cas de fusion quasi constante, sans l’ombre d’un mauvais objet, sans l’ombre d’un tiers frustrant, nous quittons progressivement le registre de la problématique narcissique pour d’autres problématiques en lien, celles-là, au maintien excessif de la phase fusionnelle mère – enfant.
Donc en conclusion le narcissisme semble bien être en rapport avec une phase de fusion ou d’omnipotence contrariée soit d’emblée soit de façon différée.
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Écrits en rapport :
– La question freudienne de la libido.
– De la constitution, ou pas, du « bon objet interne ».
– De la genèse de la pulsion de mort.
– La genèse de la représentation.