A propos du Nom qui symbolise un flux Père-Mère.
Dans les monothéismes ce flux est particulièrement explicite avec le « Tétragrammaton » hébraïque, IOD – HÉ – VAV – HÉ. Ces 4 lettres hébraïques הוהי sont issues de la racine trilittérale היה (HYH) (« être, devenir, arriver »).
C’est ainsi qu’Elohim se nomme à Moïse comme étant « Je suis celui qui suis ».
— IOD — י
La lettre IOD s’écrit comme un point indiquant une tendance, c’est un point qui porte en germe un monde de potentialité.
De ce point se déploie, comme un rayon de lumière, le monde manifesté.
IOD serait le Père.
HE serait la Mère suprême, la substance.
Elle est Héva, Eve, Isis.
Elle est Eve, la femme de Dieu,
Eve l’épouse d’Adam.
Oui le nom de l’Eternel IEVE (הוהי) ou Javeh se compose de JOD, la pensée divine, et d’EVE la Nature.
La structure du mot EVE montre que le signe indicateur de vie est doublé en EE (הה).
La lettre Hé (ה) dérivée du pictogramme « fenêtre » signifie « souffle de vie », l’haleine, Hé représente aussi le son du souffle.
Le premier Hé serait le Souffle qui anime le monde, la Nature.
Le deuxième Hé serait aussi souffle de vie, un cri de joie, cri éjaculatoire, donnant la vie individuelle.
Le signe Vau (ו) est situé au milieu de la racine de vie.
Le double EE de l’Eternel féminin se trouve scindé par la lettre Vau (ו).
La lettre Vau (ו) signifie « clou » ou « pieu », « cheville », elle indique une idée d’assemblage, de lien, de conjonction, d’union, on pourrait l’assimiler à l’Eros grec.
Elle est d’essence masculine, phallique et induit l’idée de fécondation. La création du monde par le Démiurge et la création d’un être humain par fécondation sont donc tenues ensemble par le Tétragrammaton.
De plus la lettre Vau joue sur le temps faisant muter réciproquement passé et futur.
Elle suggère donc l’idée d’accomplissement ou de non accomplissement.
EVE de IEVE représenterait donc la Mère suprême, la Substance même, l’étendue au sens de Descartes.
Mais EVE peut se décomposer en : Hé la Mère, Vé ou Vau ou Vav le masculin, le phallus, le fils, le 2ème Hé pouvant être la fille ou la femme.
L’accomplissement ou le non accomplissement dont il s’agit à propos de la lettre Vau, pourrait tout autant concerner la question de la procréation comme celle de la capacité à penser.
Le 2ème Hé peut donc être interprété comme étant tout à la fois l’Objet du Désir ou l’Objet de la Connaissance.
Certains l’ont assimilé à l’avènement de la Sophia, la Sagesse, l’objet d’amour des philosophes.
Comme Athéna advient, sortant du crâne de son père après le coup de hache d’Héphaïstos.
Héphaïstos le maître des forges, le maître du bronze, celui qui se trouve lié aux activités guerrières, par cet acte, oriente le combat dorénavant vers la sagesse.
IOD-HE-VAV-HE est le nom complet.
Le nom incomplet serait HE-VAV-HE.
Evohé c’est le cri de Dionysos.
Mais à partir de la mention de Dionysos et de son cri Hê, Vau, Hê, se trouve posé magistralement la question du Fils et de son sacrifice (sacri-fils !).
Et Tragédie en grec vient de tragos bouc et le bouc est celui qui se substitua au fils, jadis sacrifié, en l’occurrence Dionysos.
Le sacrifice du Fils/amant/Roi-sacré de la Mère était dans les temps les plus reculés suivi d’un festin au cours duquel la victime était consommée.
Ce festin s’accompagnait d’une explosion festive et orgiaque.
Cela est encore attesté dans l’Antiquité par les Hilaria du culte d’Attis comme les déferlements bachiques du culte de Dionysos sans oublier l’eucharistie chrétienne avec la phrase : « Prenez et manger, ceci est mon corps, prenez et buvez ceci est mon sang ».
C’est bien la « consommation » du corps du Christ qui, dans les canons même du dogme chrétien, donne la vie éternelle (Vie).
Donc le sacrifice du Fils/amant/Roi-sacré appelait l’explosion génésique marquée du sceau d’Aphrodite.
C’est ce sacrifice qui allait progressivement représenter la voie de la « génitalisation » au sens freudien du terme.
Avec le temps et les métaphorisations incessantes, le problème du sacrifice s’est déplacé d’un meurtre rituel au meurtre symbolique d’un fils qui ne serait plus que la représentation idéique.
On passe du meurtre rituel du Fils/amant/Roi-sacré condamné à mort du fait de ses liens incestueux avec sa Reine/Mère au meurtre de la représentation assimilée au « fils » du processus neurophysiologique.
Le travail sur les représentations du monde, le sacrifice sur les représentations, sur les idées, en tant qu’elles figurent les enfants du psychisme, est ce qui permet ou ne permet pas l’accomplissement dont il était question tout à l’heure à propos de la lettre Vau.
Et l’idée de sacrifice appelle l’évocation d’Abraham et du sacrifice de son fils commandé par Dieu.
Le devoir d’Abraham est de toujours faire le choix de l’Esprit avant celui de la chair.
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Écrits en rapport :
– Le Nom…
– Du sacrifice à la génitalité ou de la dimension phallique de l’existence.