Dans la construction du mot grec Mέδουσα nous avons la racine med retrouvée dans le mot μήδομαι signifiant méditer et qui, en outre, à la signification de comprendre ou de concevoir. La racine med a donc quelque chose à voir avec la question de la Connaissance. Et la question de la Connaissance est tenu dans la racine elle-même avec d’autres signifiants tels que médecine et médicaments ou poisons. Le médicament est lié au processus positif de guérison tandis que le poison est associé au processus négatif de nuisance. Il faut noter à ce point qu’une autre héroïne grecque était passée maîtresse dans l’art des charmes et des poisons et cette héroïne est Médée, dont le nom commence par la même racine. Médée qui tue ses enfants, ce qui marque bien la nocivité de ses « productions ».
Il faut noter également que tout ce qui est de l’ordre de la médecine, de la guérison et de la santé est en lien avec deux divinités grecques qui sont les deux frère et sœur Apollon et Artémis. Apollon, dont le fils Asclépios sera le dieu de la médecine, et Artémis dont l’étymologie tourne autour de sain et de santé.
D’autre part Hermès qui fait partie des deux divinités qui aident Persée dans son projet de décapiter Méduse, est associé à la question médicale par son emblème le caducée.
Revenons à nos jumeaux Artémis et Apollon qui représentent, certes l’harmonie, mais aussi l’art de la médecine et de la bonne santé. Mais ici la bonne santé est la libération de la parole de l’inconscient, le « ça parle, le ça voir » de l’oracle de Delphes jaillissant de la bouche de la Pythie.
Il s’agit de la parole salvatrice libérant les forces brutes de l’Inconscient et permettant ainsi la bonne santé.
On ne peut s’empêcher, certes, de penser là au mot maladie « mal à dire » !
Alors le mot même de Méduse signifierait le chemin menant soit à la pétrification de la psyché c’est-à-dire à l’impossibilité de penser ou alors et bien au contraire à la capacité vraie à penser (Penser), par la libération des forces de l’Inconscient, comme semble nous l’indiquer l’oracle de Delphes, oracle prototypique de la référence du dieu Apollon à la santé psychique conçue comme capacité à comprendre ou capacité à concevoir, bref capacité à penser si l’on reprend les termes mêmes de l’étymologie du mot med.
La tête décapitée de Méduse libère son fils, le cheval ailé Pégase, qui représente et symbolise la pensée libérée de sa gangue imaginaire.
Est libéré aussi, lors de cette coupure, de cette séparation, Chrysaor ou l’Homme à l’Epée d’Or.
Et donc Persée ayant décapité Méduse, ayant libérée la pensée encore prise dans le monde imaginaire sublunaire tombe sur Andromède dont l’étymologie signifie « pensée de l’homme » (Andros : homme et med, comme on vient de le voir : pensée).
Persée fait passer de puissance en acte la pensée de l’homme. Persée accompli la deuxième naissance, la sortie du monde sublunaire, ce qui lui permet de réaliser pleinement l’ordre symbolique, qui lui permet de réaliser véritablement, encore une fois, la dimension apollinienne de l’existence.
Et ce passage de puissance en acte de la pensée (Pensée) est concomitant de la rencontre avec Andromède, qui, par-delà les significations liées à l’étymologie, représente la connaissance au sens biblique du terme.
Bellérophon n’a pu aller au bout de l’œuvre, il n’a pas pu véritablement accomplir cette deuxième naissance, cette re-naissance, il n’a pas pu atteindre à la dimension solaire de la psyché, il reste captif de l’enveloppement lunaire et d’une intellectualisation limitative et clivante.
Persée, quant à lui, réussit totalement ce qui est l’enjeu même de l’existence humaine sur le plan d’une connaissance unitive non destructrice des êtres, des biens naturels fondamentaux, bref du monde.
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Écrits en rapport :
– Persée et la tête de Méduse, la Gorgone.
– Persée ou la capacité vraie à penser.
– Les enfants de Gaïa et de Pontos ou le meilleur comme le pire.