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7 août 2020  |  By Bernard Caylus In Ecrits récents

Le Nom…

Qu’est-ce que le nom ?

Le nom est lié à l’essence, à l’être, il sert à distinguer, à caractériser, comme Adam connu les animaux en les nommant. 

Connaitre le nom de quelqu’un c’est avoir « pouvoir sur lui »1.

C’est pourquoi en Egypte deux noms étaient donnés : Le « moindre nom était rendu public »2 et le vrai secret.

Isis arracha son nom à Râ, le dieu égyptien du soleil, afin d’acquérir tous ses pouvoirs.

Comme Zeus avala Métis dont Hésiode nous dit ; « Qu’elle sait plus de choses que tout dieu ou tout homme », Métis lui donna ainsi conseil sur tout ce qui est bien, et sur tout ce qui est mal.

 Et Héphaïstos, d’un coup de hache, fit sortir du crâne de Zeus, Athéna, la Sagesse, armée de pied en cap.

A travers ces quelques mythèmes, nous voyons combien le pouvoir est lié à l’incorporation du nom ou du symbole et comment posséder le vrai nom revient à posséder l’essence même de l’être.

Qu’est-ce que la divinité ?

De même que le Primitif conçoit une âme pour tous les êtres, il va imaginer une entité originelle, toute puissante, et créatrice du monde.

Sur cet être suprême va se greffer un double processus de projection ; celui d’une structure absolue de la psyché humaine et celui d’une idéalisation.

Ainsi cet Être universel, origine du monde, incarne les notions de « Perfection », de « Justice », de « Beau », de « Bien », de « Bon », de « Lumineux », d’« Unique », etc.

Il représente les images parentales idéalisées et la Sainte Providence est bien dans la suite de la croyance du petit enfant en la toute-puissance parentale.

Feuerbach fut un des premiers à dire que « L’homme projette hors de soi les propriétés de son être comme des idéaux infinis et se crée ainsi des dieux. En d’autres termes, le Dieu dont parlent les théologiens, et qu’ils présentent extérieurs à l’homme, est en réalité l’homme lui-même :

La conscience de Dieu est la conscience de soi de l’homme, la connaissance de Dieu, la connaissance de soi de l’homme3. » 

Mais bien avant lui Xénophon avait remarqué que les hommes représentent leurs dieux comme eux-mêmes !

Une autre approche de la divinité fut expérimentée pendant des millénaires par les rishis indiens au moyen de techniques mentales.

Par un déconditionnement absolu, et sans jamais succomber au dualisme de la pensée, ils eurent la conviction d’une coïncidence de l’âme individuelle avec l’âme universelle. Cette voie n’a cessé de fasciner la conscience humaine avec des allers-retours incessants entre le sous-continent indien et le reste du monde.

Par-delà les flux et reflux de l’histoire et des civilisations le fond de la pensée préhistorique rejoint l’Inde par un ensemble culturel commun dont les traces sont inscrites dans les langues dites indo-européennes.

Et le nom de telle ou telle divinité répercute à l’infini des significations qui naissent, qui se perdent, qui se retrouvent au gré de l’histoire mais qui gardent toujours, en leur nom, l’essence même de leur signification.

Le mot dieu vient du sanskrit Dyaus signifiant dieu du ciel, dont la racine est div : briller.

En grec ce dieu se nomme Ζευζ et en latin Jupiter.

Div forme quasiment tous les noms de dieu dans les langues indo-européennes, depuis le deva sanskrit, le deus latin, le ziu germain, le dia irlandais, et le dieu français, etc.

L’Inde est en effet une des sources essentielles de significations permettant de comprendre le phénomène religieux.

Avant la Création il n’y avait que Brahman, l’Être pur, non manifesté, indifférencié, le Point suprême, point métaphysique, l’Energie-Conscience-Potentialité, Source de la Manifestation.

Brahman donne naissance à Shiva-Shakti premier principe créateur avec Shiva potentialité et Shakti sa puissance ou son aspect dynamique.

Shiva est l’entité inconnaissable dont le phallus est le signe et qui coïncide à la notion de Père.

C’est le Père donneur de semence, le Père du monde.

Shakti, quant à elle, en son aspect de manifestation, coïncide à la Prakriti.

Ainsi la Vibration de Brahman active la dualité Shiva-Shakti, active la Prakriti.

Avec la Prakriti nous évoquons le Sâmkhya indien et sa conception de Purusa et de Prakriti.

Purusa est tout à la fois l’Esprit cosmique mais aussi l’esprit subjectif de l’existence.

Prakriti est la Nature, la matière-énergie indifférenciée d’où jaillit la création.

L’étymologie de Pur-u-sha, littéralement plénitude d’être, peut se décomposer en Pur signifiant citadelle en sanskrit et feu en grec.

U est un « signe convertible universel faisant passer d’une nature à l’autre »4.

Et le sha de shakti qui veut dire énergie.

Purusa est bien, de par son étymologie, l’Être pur, l’Être plein, le Feu qui donne au monde son énergie.

C’est le sens même du mot univers, l’Un qui se verse en la Manifestation.

Cette vision de l’univers, née des intuitions fondamentales des rishis indiens avec leurs conceptions de cosmos qui naissent, s’étendent, se stabilisent, se contractent jusqu’à la résorption – déflagration finale, origine d’un cycle nouveau nous amène aux hypothèses de la physique sur le tout début de la formation de l’univers.

L’univers est né « d’un vide quantique primordial bouillonnant d’énergie où le Temps n’existait pas ».

Du temps 0 au temps de Planck soit le temps 10-43 le diamètre de l’univers atteint la taille de 10-33 cm soit « 10 million de milliards de milliard de fois plus petit qu’un atome d’hydrogène. » 5

En un temps infinitésimal il passe de ce diamètre à la taille d’un cosmos !

Nous avons là une excellente métaphore d’une énergie pure, potentielle et stable qui par suite d’un déséquilibre soudain explose en un flux de lumière et de particules.

Ce pattern est reconnaissable à travers les principales divinités du polythéisme des panthéons Grec, Egyptien et Indien, mais aussi du Dieu des monothéismes.

Prenons quelques exemples :

Tout d’abord Hermès-Mercure

 Mercure est au Centre d’où il « rayonne dans toutes » les directions, il est le Verbe, la « première vibration sonore » appelant « la naissance des mondes ».

« Les grecs lui donnaient le nom de Tétrakephalos »6 (aux quatre têtes) pour marquer son expansion dans toutes les directions.

Point d’émanation des énergies il serait le principe même des quatre éléments, l’essence de toute transformation, le souffle créateur animant toute choses.

Il est en rapport avec la tension génératrice, il est l’indicateur de la voie comme ces poteaux indicateurs grecs en forme de cube à tête humaine et ithyphalliques.

Il représente l’énergie sexuelle qui sublimée devient faculté de penser.

Protéiforme il donne naissance à Tout, il est le père des forces indifférenciées, c’est le Premier moteur d’Aristote.

Son emblème est le caducée formé de 2 serpents enlaçant un bâton, symbole de Trinité ou union indivisible de l’Un divergeant en ses 2 complémentaires ; en la dualité, en Shiva-Shakti, en le Yin et le Yang, en la Manifestation.

Apollon

Selon les Thraces la poésie aurait été inventée par le dieu Olen qui signifierait en phénicien Être universel.

En plus de la poésie ce dieu était associé à la musique, à la danse ainsi qu’à la prophétie.

Ainsi des références thraces, pour un peuple indo-européen, et phéniciennes, pour un peuple sémitique, se rapprochent singulièrement des caractéristiques du dieu grec Apollon, dieu solaire, dieu de la lumière, dieu de l’harmonie, des arts, de la musique et de la médecine et surtout dieu de la pensée dont les cheveux sont de la couleur noire bleutée des fleurs du même nom.

Selon certains Apollon aurait la même racine, Ap Olen ou Ap Wholon signifiant Père universel.

De plus aurait été adoré à Delphes, bien avant que s’établisse le culte d’Apollon, un dieu portant le nom d’Olen, dieu lié à un sanctuaire dédié à une divinité de la terre.

Mais le nom d’Apollon semble dériver également du grec Apollonios et d’une racine indo-européenne ayant le sens d’éloigner ou de détruire dans la perspective de repousser les ténèbres ou d’éloigner la maladie. 

Dans cette perspective le dieu Apollon serait celui qui « repousse » ou « détruit » ce qui voile ou oblitère.

Neptune Poséidon

 Poséidon est l’énergie du mouvement dans l’eau primordiale, ayant pour nom Hélicos il fut représenté comme zigzag, hélice, spirale.

L’herméneutique nous montre la spirale comme indiquant, de façon constante, qu’un Esprit insuffle une énergie cosmique lors d’une œuvre de création.

Les cosmogonies sont unanimes à décrire l’œuvre du Créateur comme un acte qui pénètre, qui informe, qui ordonne une masse inorganisée, un chaos, un tohubohu.

Cet acte créateur est toujours conçu comme une énergie éveillant un magma, comme un acte intemporel qui origine le Temps.

Poséidon a pour emblème le trident symbole de Trinité déjà évoquée avec le Caducée d’Hermès.

Son nom se décompose en Posis eidon qui veut dire littéralement époux de l’idée.

C’est le principe de l’idée en toutes formes.

Sa femme est la néréide Amphitrite.

Et néréide vient de nerth signifiant en-dessous.

Amphitrite, comme fille d’Okéanos, représente le mouvement des profondeurs.

Certains ont vu là une référence à l’Inconscient.

Nous retrouvons à nouveau ce double aspect de l’émergence d’un monde créé, informé et ordonné à partir d’un chaos et l’émergence d’une conscience claire et lumineuse (Apollon).

Zeus

Zeus tout d’abord, Dieu ou Dyaus ou dieu du ciel, Ζευζ en grec et Jupiter en latin.

Selon la racine indo-européenne dyeu il est celui qui brille, et aussi celui qui voit tout comme le rond du soleil rappelle le rond de l’œil auquel rien n’échappe.

Il est le maître de l’univers qui sait tout même s’il n’est ni omniscient ni omnipotent ni même créateur de l’univers.

Certains philosophes grecs, comme Homère et Hésiode, ont cependant insisté sur les qualités de Zeus qui en font un dieu s’ « approchant » de la détention des caractéristiques d’un dieu monothéiste suprême.

Il est associé à la claire conscience olympienne dont les attributs que sont le tonnerre et l’éclair sont des métaphores efficaces caractérisant l’activité de l’esprit et sa capacité de « percuter » ou d’éclaircir.

Zeus représente l’idéal de la souveraineté de la conscience claire dont la lumière a cette caractéristique toute particulière d’être stable, permanente, non sujette aux aléas, non représentative du jeu de la dualité. La lumière de la dualité clair – obscur n’est en rien comparable à la lumière pure et éthérée qui règne sur le mont Olympe.

Tem

Dans la Genèse de l’ancienne Egypte Tem est l’Unique créateur dont le Verbe se manifeste par le dieu Nou, substance matérielle, « protomatière contenant en elle en état latent les forces de la nature »7.

Nou, créé par Tem, est l’Œuf du monde.

Tem active les forces cosmiques du Nou au moyen de son verbe Râ, symbolisé par la bouche et le bras, ce qui signifie littéralement « action de la bouche ».

Le résultat en est MEM (Mam) qui représente l’onde, le signe du réceptif…

On est dans le registre des divinités maternelles ; Isis, Déméter, Gaïa, Cybèle, etc.

Ainsi le Nom symbolise un flux Père-Mère

Dans les monothéismes ce flux est particulièrement explicite avec le « Tétragrammaton » hébraïque, IOD – HÉ – VAV – HÉ. Ces 4 lettres hébraïques הוהי sont issues de la racine trilittérale היה (HYH) (« être, devenir, arriver »).

C’est ainsi qu’Elohim se nomme à Moïse comme étant « Je suis celui qui suis ».

— IOD — י    

La lettre IOD s’écrit comme un point indiquant une tendance, c’est un point qui porte en germe un monde de potentialité. 

De ce point se déploie, comme un rayon de lumière, le monde manifesté.

IOD serait le Père.

HE serait la Mère suprême, la substance.

Elle est Héva, Eve, Isis.

Elle est Eve, la femme de Dieu,

Eve l’épouse d’Adam.

Oui le nom de l’Eternel IEVE (הוהי) ou Javeh se compose de JOD, la pensée divine, et d’EVE la Nature.

La structure du mot EVE montre que le signe indicateur de vie est doublé en EE (הה).

La lettre Hé (ה) dérivée du pictogramme « fenêtre » signifie « souffle de vie », l’haleine, Hé représente aussi le son du souffle.

Le premier Hé serait le Souffle qui anime le monde, la Nature.

Le deuxième Hé serait aussi souffle de vie, un cri de joie, cri éjaculatoire, donnant la vie individuelle.

Le signe Vau (ו) est situé au milieu de la racine de vie.

Le double EE de l’Eternel féminin se trouve scindé par la lettre Vau (ו).

La lettre Vau (ו) signifie « clou » ou « pieu », « cheville », elle indique une idée d’assemblage, de lien, de conjonction, d’union, on pourrait l’assimiler à l’Eros grec.

Elle est d’essence masculine, phallique et induit l’idée de fécondation. La création du monde par le Démiurge et la création d’un être humain par fécondation sont donc tenues ensemble par le Tétragrammaton.

De plus la lettre Vau joue sur le temps faisant muter réciproquement passé et futur.

Elle suggère donc l’idée d’accomplissement ou de non accomplissement.

EVE de IEVE représenterait donc la Mère suprême, la Substance même, l’étendue au sens de Descartes.

Mais EVE peut se décomposer en : Hé la Mère, Vé ou Vau ou Vav le masculin, le phallus, le fils, le 2ème Hé pouvant être la fille ou la femme.

L’accomplissement ou le non accomplissement dont il s’agit à propos de la lettre Vau, pourrait tout autant concerner la question de la procréation comme celle de la capacité à penser.

Le 2ème Hé peut donc être interprété comme étant tout à la fois l’Objet du Désir ou l’Objet de la Connaissance.

Certains l’ont assimilé à l’avènement de la Sophia, la Sagesse, l’objet d’amour des philosophes.

Comme Athéna advient, sortant du crâne de son père après le coup de hache d’Héphaïstos.

Héphaïstos le maître des forges, le maître du bronze, celui qui se trouve lié aux activités guerrières, par cet acte, oriente le combat dorénavant vers la sagesse.

IOD-HE-VAV-HE est le nom complet.

Le nom incomplet serait HE-VAV-HE.

Evohé c’est le cri de Dionysos.

Mais à partir de la mention de Dionysos et de son cri Hê, Vau, Hê, se trouve posé magistralement la question du Fils et de son sacrifice (sacri-fils !).
Et Tragédie en grec vient de tragos bouc et le bouc est celui qui se substitua au fils, jadis sacrifié, en l’occurrence Dionysos.
Le sacrifice du Fils/amant/Roi-sacré de la Mère était dans les temps les plus reculés suivi d’un festin au cours duquel la victime était consommée.
Ce festin s’accompagnait d’une explosion festive et orgiaque.
Cela est encore attesté dans l’Antiquité par les Hilaria du culte d’Attis comme les déferlements bachiques du culte de Dionysos sans oublier l’eucharistie chrétienne avec la phrase : « Prenez et manger, ceci est mon corps, prenez et buvez ceci est mon sang ».
C’est bien la « consommation » du corps du Christ qui, dans les canons même du dogme chrétien, donne la vie éternelle (Vie).
Donc le sacrifice du Fils/amant/Roi-sacré appelait l’explosion génésique marquée du sceau d’Aphrodite.
C’est ce sacrifice qui allait progressivement représenter la voie de la « génitalisation » au sens freudien du terme.
Avec le temps et les métaphorisations incessantes, le problème du sacrifice s’est déplacé d’un meurtre rituel au meurtre symbolique d’un fils qui ne serait plus que la représentation idéique.
On passe du meurtre rituel du Fils/amant/Roi-sacré condamné à mort du fait de ses liens incestueux avec sa Reine/Mère au meurtre de la représentation assimilée au « fils » du processus neurophysiologique.
Le travail sur les représentations du monde, le sacrifice sur les représentations, sur les idées, en tant qu’elles figurent les enfants du psychisme, est ce qui permet ou ne permet pas l’accomplissement dont il était question tout à l’heure à propos de la lettre Vau.
Et l’idée de sacrifice appelle l’évocation d’Abraham et du sacrifice de son fils commandé par Dieu.
Le devoir d’Abraham est de toujours faire le choix de l’Esprit avant celui de la chair.

A ce point de la démonstration et après avoir évoqué le « Tétragrammaton » nous allons revenir sur un certain rituel et sur la question du nom divin telle qu’elle se pose à partir de la pensée hébraïque, notamment kabbalistique. Il s’agit d’une antique Tradition reposant sur la conception d’un monde qui se créé par émanation à partir de l’Infini En Soph.
Les Séphiroth comme autant d’Arbres de Vie régissent ce système hiérarchisé allant de l’Infini au monde fini.

De Malkuth (le monde des apparences) à En Soph s’étagent neuf Séphiroth.

Du monde des apparences au Principe des principes.

Du monde spéculaire à celui de l’Être !

L’histoire raconte qu’au nom de Kether une porte s’ouvrit sur une voûte où resplendissait une lumière éblouissante, sur un piédestal cubique en marbre blanc figuraient les outils d’une certaine confrérie.

Sur cet autel était écrit en lettre d’or le Nom Adonaï, assimilé à « un vain symbole », qui représenterait sous la lumière aveuglante notre construction intellectuelle.

Le maître de cette légende retournant la pierre dit à ses disciples « vous êtes au centre de l’idée ».

Et les disciples épelèrent les lettres IOD, HE, VAU, HE. Lorsqu’ils ouvrirent la bouche pour prononcer le mot, le maître cria « Silence, c’est le nom ineffable qui ne doit sortir d’aucune lèvre ».

Par ce silence, d’Adonaï à IOD, HE, VAU, HE, on passe de l’attachement à la représentation à l’installation au Centre.

D’Adonaï à IOD, HE, VAU, HE on passe de l’idolâtrie à la Pensée.

 Et ce faisant, à ce moment précis, le mot En Soph incidemment prononcé, une fameuse porte s’ouvrit et un souffle violent les renversa et éteignit toutes les lumières.

Ce n’est qu’au prix de grands efforts qu’ils parvinrent à refermer la porte mais se retrouvant dans l’obscurité la plus totale c’est en se prenant la main qu’ils purent vaincre leur effroi et retrouver leur chemin.

Adonaï, le vain symbole qui nous satisfait de nos « lumières », est un système de représentations qui nous voile cependant l’objet de la connaissance (Objet).

IOD, HE, VAU, HE est le nom ineffable ce qui signifie qu’avec lui il faut renoncer aux systèmes de représentations.

C’est ce renoncement qui appelle un Souffle puissant qui éteint les « lumières » laborieusement obtenues par notre attachement aux représentations.

Ce renoncement aux représentations évoque la règle des philosophes antiques de la suspension du jugement ou Epoché.

Cette Epoché des sceptiques fut reprise par les philosophes phénoménologistes et notamment Husserl.

Pour orienter notre jugement il faut modifier radicalement notre façon naturelle de regarder le monde.

Il faut être en capacité d’accomplir ce que Husserl nomme réduction phénoménologique et cesser de porter, projeter, constamment nos jugements sur l’Objet.

Ainsi l’Objet, sauf, de nos projections sur son être pourra être contemplé sans préjugé. 

Par ce biais la Conscience nous est donnée, là, nous sommes au Centre de l’idée et non plus rivés, fixés, attachés, aliénés à l’idée !

Les stoïciens ont attiré notre attention sur ce qui nous est propre.

Quelle est la seule chose qui nous appartient ?

La seule chose qui nous appartient est l’Idée qui vient ici et maintenant.

Une idée vient…, elle est vraie disent les stoïciens.

Qu’est-ce qu’une idée vraie ?

Une idée vraie est une idée objective, répondent-ils. Qu’est-ce qu’une idée objective ?

Pour eux sont objectives les « représentations qu’ils appelaient kataléptikai »8 ou représentations « compréhensives » permettant de saisir la Réalité.

Ou encore est kataléptikai une représentation qui s’arrête strictement à ce qui est perçu sans rien ajouter.

Descartes propose le terme d’idées adventices pour caractériser une idée provenant de l’équipement neurobiologique par opposition aux idées « factices » créées par notre imagination que nous rajoutons sur les représentations ou idées objectives.

L’essentiel est de rester sur des suites de représentations objectives sans jamais rajouter autre chose.

Quel est cet autre chose qui dénaturerait ou contaminerait les représentations vraies ?

Pour eux il s’agirait d’une sorte de discours intérieur, issu de l’ego et de sa « folie » d’attachement, qui se grefferait sur les représentations. C’est cet ajout qui déformerait notre perception du réel ou de l’Objet, ce qui fait dire à Epictète : « Ce qui nous trouble, ce ne sont pas les choses, mais nos jugements [faux-discours] sur les choses ».

Et si nous reprenons la question d’Abraham et du sacrifice de son fils nous pouvons dire que si la représentation vraie est de l’ordre de l’Esprit, le rajout est de l’ordre de la chair.

 Alors « ce ne peut-être dit » ?

C’est entre le dit ?

C’est innommable ?

C’est inter-dit ?

Le Nom même serait inter-dit ?

Le Nom serait inter-dit parce que ce serait dans cet inter-dit, dans cet intervalle, que se créerait le monde,… que se créerait le monde comme représentation !

—

Eléments de bibliographie :

– Mozzani Eloïse : « Le livre des superstitions » mythes, croyance et légendes.

Robert Laffont

1. p. 1215.

2. p. 1215.

– « Atlas de la philosophie »

par Peter Kunzmann, Franz-Peter Burkard et Franz Wiedmann

La Pochothèque

3. Sur Feuerbach p. 167.

– Marcelle Senard

« Le zodiaque »

Clef de l’ontologie appliquée à la psychologie

Editions Traditionnelles

4. p. 351.

6. p. 106.

7. p. 400.

– Ricard Mathieu, Trinh Xuan Thuan 

« L’infini dans la paume de la main ».

Du big Bang à l’éveil

Fayard

5. p. 47.

– Hadot Pierre

« La citadelle intérieure »

Introduction aux pensées de Marc Aurèle

Fayard

8. p. 100 – 101.

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