Cet ensemble de textes représente une réflexion toute personnelle sur l’existence humaine, sur mon expérience du niveau phénoménal de la vie, en l’occurrence de ma propre vie.
Ce travail n’a aucune prétention, il n’est en aucune façon une œuvre de spécialiste ou d’expert.
Mais alors pourquoi écrire si l’on a aucune légitimité intellectuelle ou universitaire, aucun talent reconnu dans un domaine quelconque du savoir-faire ?
Comment oser prétendre partager quelque chose lorsque l’on n’est d’aucune façon passé sous les fourches caudines de la reconnaissance officielle ?
Certes je suis conscient de la difficulté d’un tel projet dans un monde qui, globalement, désinvestit l’écrit, dans une culture ambiante, souvent instrument des puissances d’argent, dont le but avoué ou pas est de faire de chacun de nous des consommateurs effrénés tout en nous proposant une vision restreinte des problèmes essentiels.
Et pourtant, je persiste et décide néanmoins de ne pas garder pour moi ces écrits témoins de ma philosophie de vie, j’assume une sorte de transgression.
En effet existe-t-il une légitimité à partager une vision philosophique personnelle ?
Je le pense en effet et je suis convaincu que l’essence de la philosophie est d’émaner d’une expérience individuelle.
Tout homme qui expérimente le « je suis là » et qui réfléchit sur le niveau phénoménal auquel il est confronté, est philosophe. La philosophie n’est pas le domaine exclusif de penseurs patentés, de professeurs de philosophie.
La philosophie est le propre de l’homme simple, et j’aspire pleinement à représenter quelque chose de l’ordre de ce qualificatif.
Quoi de plus simple et de plus prosaïque que la vie de Diogène, mais que sa philosophie est profonde !
Diogène incarnait le modèle même de la philosophie cynique, de la philosophie des chiens !
Et je revendique une expression philosophique personnelle sans aucune prétention.
Mes écrits m’ont apaisé parce qu’ils sont inspirés par des textes éminemment profonds provenant de toutes les zones géographiques.
L’herméneutique m’a révélé l’unité de fond de la pensée humaine sur toutes les grandes questions qui taraudent l’esprit de l’homme depuis qu’il a commencé sa marche.
Si j’ai trouvé apaisement au contact de ces textes, je peux tenter de partager quelque chose de cet ordre avec d’autres personnes, certains textes sont connus d’autres le sont beaucoup moins.
Si, ne serait-ce une seule personne, retrouve son chemin par ce biais, tout cela n’aura pas été inutile.
Donc des pensées écrites pour m’apaiser et pour éventuellement apaiser d’autres personnes. C’est pourquoi l’intitulé de ce travail pourrait être : « Pensées pour moi-même et pour ceux qui les partageront ».
En ce qui me concerne je n’ai aucune attente, ni pécuniaire, ni de l’ordre d’une reconnaissance quelconque, qu’elle soit professionnelle, artistique ou autre.
Mes propos ne sont pas de type sectaire, religieux ou politique, ils n’ont aucune intentionnalité hormis celle énoncée plus haut.
Ils contiendraient, au demeurant peut-être, le souhait de tenter de décliver les savoirs.
L’herméneutique nous montre globalement l’unité et l’ubiquité des contenus mythiques de par le monde, elle nous montre l’absence d’antagonisme à un certain niveau.
Les pertes des chaînes symboliques ou les corruptions ou les blancs dans telle zone géographique sont compensés par les chaînes symboliques conservées dans telle autre zone de la planète.
S’il y a antagonisme c’est le plus souvent par le fait que les vocabulaires ou lexiques ne coïncident pas ou ne se correspondent plus.
Les mentalités d’ici ne peuvent comprendre les mentalités de là alors que rien ne devrait l’empêcher puisque les contenus, sur le fond, sont identiques.
Donc il y a nécessité par exemple de décliver les antagonismes, les incompréhensions entre les fondements philosophiques de l’Orient et ceux de l’Occident.
Bon nombre de concepts de la philosophie ou des philosophies extrême-orientales ne peuvent encore être pris tel que par les mentalités occidentales.
Il y a une fantasmatique tenace qui s’accroche à chaque concept, qui fait écran ou obstruction et qui en dénature le sens profond.
Il faut bien prendre le temps de les aborder, de les accepter, de les mûrir, pour commencer à en voir les correspondances avec nos conceptions et schèmes de pensée.
Actuellement nombre de penseurs, représentants des sciences les plus fondamentales, ou épistémologistes, sont persuadés que les formations philosophiques orientales sont plus à même de comprendre les derniers développements de la science occidentale notamment au plan de la physique fondamentale ou de l’astrophysique.
Les divers aspects philosophiques ne devraient pas être aussi opposés. Comment expliquer que le sanscrit est explicatif de nombre de problèmes de grammaire de langues occidentales mortes ou vivantes ?
Ceci pour expliquer que le cloisonnement est ravageur en terme économique par rapport à la question du savoir et de la connaissance.
Mais il y a nombre d’autres cloisonnements, d’autres clivages tout aussi problématiques.
Par exemple l’antagonisme entre les pensées dites « « pré-rationnelles et celles dites « rationnelles ».
Qui n’a pas été époustouflé par la profondeur de la lecture d’un Héraclite ?
Qui n’a pas vacillé à la lecture des aspects les plus présocratiques de la pensée de Platon ?
Qui n’a pas été éberlué en réalisant les liens profonds entre certains aspects de la pensée grecque sur la juste rétribution et certains développement contenus dans les Védas pour ne pas citer le mot de karma ?
Qui en lisant le Phèdre ou le mythe d’Er de Platon n’a pas touché à cette évidence ?
La pensée prérationnelle a souvent une harmonie, une profondeur et une cohérence interne sans commune mesure avec les pensées dites rationnelles qui naissent au temps t.
Que pourraient dire les tenants de la pensée rationnelle du XVIIIème siècle contemplant les développements technologiques actuels ?
La vision cosmologique des rishis indiens élaborée il y a plusieurs milliers d’années avec les cycles de créations et de destructions de l’univers n’a rien à envier aux derniers développements de l’astrophysique avec le big bang, les trous noirs créateurs d’univers, les multivers, etc.
Mes écrits sont constitués de textes plus ou moins courts paraissant autonomes mais qui se complètent et se renvoient les uns aux autres.
Il est vrai également que le texte en général est saturé de concepts analytiques.
Il est d’évidence que la théorie lacanienne est particulièrement opérante pour réfléchir tout ce qui est de l’ordre de la phénoménologie.
Et d’ailleurs Lacan lui-même a été fortement influencé par la pensée, entre autres, d’un éminent phénoménologiste qui a pour nom Heidegger.
Mais la théorie analytique, par Freud, s’est nourrie à la source de la pensée grecque.
La dialectique Eros/Thanatos reprise par Sigmund Freud est née de la conception philosophique d’Empédocle.
La notion de conflit œdipien émerge chez Freud à partir de la tragédie grecque et notamment de l’Œdipe-roi de Sophocle.
La question du destin dans l’œuvre des tragiques semble amener inexorablement à la notion d’Inconscient.
Et cette notion d’Inconscient sature finalement la trame des mythes grecs.
Et, certes, la polysémie des légendes grecques évoque, bien sûr, la dimension onirique avec ces déplacements et condensations.
Et cette suite de générations humaines qui se suivent et s’ensuivent, avec leur fautes ou souillures, qui pose les « quoi ? » et les réponses à ces questions qui émanaient le plus souvent de l’oracle de Delphes.
Ainsi entre le « quoi » de telle problématique comportementale et la réponse oraculaire une voie, une voix, s’est frayée de l’Inconscient vers le Conscient !
Oui, ces réponses de l’Inconscient étaient rendues par les propos sibyllins de la Pythie !
Donc la mythologie grecque est fondamentalement la mise en scène de l’inconscient, mais d’un inconscient qui s’ignore, d’un inconscient forcément invisible et dépouillé de son nom propre qui est Inconscient !
Ainsi les dieux du polythéisme grec ne seraient que des métaphores, des figurations, d’éléments ou d’instances de la psyché.
Sur le plan strict de la philosophie, et notamment de la philosophie idéaliste allemande, on peut voir également à quel point la notion d’Inconscient est le chaînon manquant de la pensée !
Pour s’en convaincre il suffit de lire Fichte et notamment ses développements sur les notions de Moi et de non-Moi. Fichte réalise la butée du Moi sur quelque chose du Moi qui ne serait pas le Moi. Et ce Moi qui ne serait pas rigoureusement le Moi, c’est bien sûr l’Inconscient !
Donc l’intelligence butte sans cesse sur la partie inconsciente du Moi.